La bise
>> ECHELLE SYNOPTIQUE : La bise est un vent caractérisé par sa direction puisqu’elle souffle depuis le nord à nord-est sur le Moyen Pays suisse, le bassin lémanique, en région lyonnaise, en Franche-Comté, en Lorraine et en Alsace ! L’échelle synoptique (qui consiste à regarder des paramètres météorologiques à l’échelle de plusieurs milliers de km) ces derniers jours a été favorable à l'installation de la bise avec un anticyclone centré sur le Proche Atlantique / vers les Iles Britanniques orientant un flux de nord-est sur son rebord sud/sud-est. Les anomalies de pression au niveau de la mer (0 m) de l’ensemble du mois de mai (voir carte de gauche dans l'illustration) traduisent bien la présence anormale de hautes de pression entre le Proche Atlantique et une vaste partie de l’Europe du Nord (par rapport à la normale 1991-2020). Les vents tournants dans le sens horaire autour des anticyclones, expliquent pourquoi l’Alsace a été et est toujours dans une situation optimale pour avoir une bise fréquente ces derniers jours (et prochains jours).
>> POURQUOI ELLE SOUFFLE DAVANTAGE EN JOURNÉE ? QU’EST QUI CONDITONNE SON INTENSITÉ ?
Afin de comprendre pourquoi la bise se calme souvent en soirée / nuit, il est nécessaire d’introduire la notion d’instabilité dans l’atmosphère. En sciences de l’atmosphère, une couche d’air peut être : stable, neutre ou encore instable (pour faire simple). Lorsqu’une parcelle d’air tente de s’élever par rapport à son environnement mais revient rapidement à son point de départ : l’air est dit STABLE. Lorsqu’une parcelle d’air est moins dense que son environnement, elle va s’élever et s’éloigner de son point de départ (en gagnant en vitesse) : l’air est dit INSTABLE. Lorsque la parcelle d’air reste dans son état initial, l’air est dit NEUTRE. Un air instable, se caractérise par une température qui baisse à mesure de monter en altitude à un taux supérieur à 9,8° C / km pour un air sec. Vous l’aurez donc compris, lorsque le taux de refroidissement pour un air sec est inférieur à 9,8° C / km, l’air est dit stable. Un air instable, est synonyme de mélange, de turbulence là où le profil thermique est « instable » (taux de refroidissement > 9,8° C / km). Inversement, un air stable, est synonyme de peu/pas de mélange, de peu/pas de turbulence là où le profil thermique est « stable » (taux de refroidissement < 9,8° C / km).
En journée, lorsque le soleil réchauffe toutes les surfaces, la température va rapidement croître en surface et créer un profil de température INSTABLE (voir les deux profils en bas à droite de notre infographie) : du mélange se créé avec l’air présent plus en altitude. Le vent continental de nord-est présent de jour comme de nuit à une certaine altitude (0,5-3 km), va alors se mélanger et s’engouffrer en journée jusqu'en surface pour donner lieu à notre fameuse “bise”.
Quand la nuit tombe, les surfaces se refroidissent rapidement : une inversion thermique se créée (plus froid en surface), le profil de température est très stable avec un taux de refroidissement qui est carrément négatif (soit bien inférieur à 9,8° C/km !) puisque la température va augmenter en gagnant en altitude dans les basses couches ... il n’y a plus de mélange avec les couches situées quelques centaines de mètre plus haut : le vent présent plus en altitude ne va plus se mélanger jusqu’en surface. Ainsi le vent en surface faiblit, voire devient nul puisqu'il n'y a plus ce mélange avec les couches supérieures. Aussi, l'air plus froid, est par définition aussi plus dense : les forces de friction de la surface seront donc plus importantes en soirée / nuit, ce qui participe aussi à réduire le vent lorsque la nuit tombe. Notons que le vent n'est pas nécessairement nul, il peut évidemment encore être présent, même si l'air est "stable" : les différences de température d'un endroit à l'autre, va favoriser des petites différences de pression entre deux endroits donnés : cette différence de pression, bien que minime, est responsable du vent qui peut encore un peu perdurer la nuit, malgré l'air stable, qui ne se mélange pas avec les couches supérieures.
L’intensité de la bise en journée est conditionnée par la profondeur du mélange qui va dépendre évidemment du réchauffement des surfaces en journée. Quand ce réchauffement se diffuse progressivement plus en altitude au fil des heures, l’inversion thermique créée la nuit précédente s’annule : le mélange devient alors important sur une certaine profondeur/épaisseur (entre 0 et 2/3 km), notamment en fin d’après-midi, lorsque le réchauffement en surface, s’est progressivement diffusé plus en altitude (2-3 km) : c'est à ce moment-là de la journée, que la bise sera généralement la plus forte.
Cependant, l’intensité de la bise va aussi dépendre de l’échelle synoptique : la présence d’un anticyclone sur les iles Britanniques par exemple, conduira à créer un flux de nord-est sur l’Alsace, qui sera d’autant plus marqué, si une dépression venait à s’isoler / se creuser dans la Méditerranée. La présence de hautes pressions sur les iles Britanniques (ou l’Europe du Nord par exemple) et de basses pressions dans la méditerranée va créer un gradient de pression, qui plus il est resserré, plus créera un flux/un vent important en altitude. Puisqu’en journée, le mélange de l’air, se fait avec l’air présent un peu plus en altitude (2-3 km), si le vent/le flux à ces altitudes est plus faible (par rapport au gradient de pression), forcément, la bise en surface le sera aussi (et vis-versa).
Publié le 06/06/2023